Dans cet article, je vais vous expliquer de façon très simple comment lire la liste des ingrédients d’un produit cosmétique. Vous allez voir avec un peu de pratique, vous pourrez comprendre à peu près l’ensemble des formulations de vos produits cosmétiques.
La liste des ingrédients, qu’est ce que c’est ?
Quand on parle de la liste des ingrédients en cosmétique on fait référence à la liste INCI pour « International Nomenclature of Cosmetic Ingredient » qui veut dire en français « Nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques ». Cette liste a tout simplement été créée afin que tout le monde puisse parler la même langue et donc se comprendre. Depuis 1999, cette liste est obligatoire sur tous les packaging de produits cosmétiques. Elle doit également être présente sur les sites de vente en ligne.
Cette nomenclature répertorie toutes les matières premières utilisées en cosmétique. Les composés y sont mentionnés en anglais ou en latin pour les composés botaniques. Les ingrédients sont listés dans leur ordre décroissant de présence dans le produit jusqu’à 1%. Après 1%, l’ordre des ingrédients est entièrement libre. Par exemple si la liste commence par : Water/Aqua (ce qui est généralement le cas sauf pour les huiles ou les baumes), cela veut tout simplement dire que c’est l’eau qui est présente en majorité dans le produit. En dessous de 1%, le fabricant est libre de choisir l’ordre des ingrédients. Ainsi si dans votre produit il y a 0,01% d’acide hyaluronique et 0,5% d’un conservateur, l’acide hyaluronique peut être placé avant le conservateur dans la liste des ingrédients. Les marques ont d’ailleurs généralement recours à cette petite astuce à des fins marketing.
Vous l’avez compris l’INCI ne donne malheureusement pas le % des ingrédients dans la formule mais il nous donne quand même des indices. Par exemple, certains ingrédients sont soumis à des restrictions d’usage, c’est à dire qu’ils ne doivent pas dépasser une concentration maximale. C’est généralement le cas des conservateurs. Ainsi, il suffit de reconnaître une substance soumise à restriction avec un seuil inférieur à 1% pour déterminer quels sont les ingrédients ayant une concentration inférieure à 1%.
Ingrédients : Aqua, Sodium Laureth Sulfate, Butylene Glycol, PEG-8, Caprylyl/Capryl Glucoside, Coco-Betaine, Sodium Chloride, Sodium Methyl Cocoyl Taurate, Parfum (Fragrance), Phenoxyethanol, Sodium Hyaluronate (acide hyaluronique), 1,2-Hexanediol, Caprylyl Glycol, Ethylhexylglycerin, Citric Acid, Sodium Cocyl Isethionate, Maltodextrin, Methylisothiazolinone, Lilium Candidum Flower Extract.
Par exemple, dans cette liste des ingrédients, vous avez du phénoxyéthanol qui est un conservateur autorisé à un % maximum d’utilisation de 1, ainsi on sait que tous les ingrédients qui viennent après sont présents à moins de 1%, comme l’acide hyaluronique.
Attention, cela ne veut pas dire que l’acide hyaluronique ici présent n’a pas d’effets bénéfiques pour la peau. Il présente des propriétés intéressantes même en dessous de 1%. Cela nous donne juste une indication qui parfois peut-être très intéressante…
Voici quelques exemples d’ingrédients fréquemment utilisés :
Les tensioactifs
Vous retrouverez des tensioactifs dans tous les produits lavants. Ils possèdent en effet des propriétés moussantes et détergentes. Ils permettent donc de nettoyer la peau des salissures comme le sébum, la sueur ou la pollution… Ils sont très faciles à reconnaître, voici les grandes familles :
- les sulfates : sodium lauryl sulfate, sodium laureth sulfate, ammonium lauryl sulfate…
Assez simple, ils finissent tous par sulfate. Leur problème ? Aujourd’hui, les sulfates sont controversés car ils sont jugés trop irritants pour la peau et le cuir chevelu. Il est quand même important de souligner que les formulateurs ajoutent toujours aux sulfates des tensioactifs plus doux qui diminuent leur pouvoir irritant dans le produit fini. Chaque cosmétique est aussi testé avant la commercialisation pour vérifier qu’il ne soit pas trop irritant. Cependant pour les peaux et cuirs chevelus sensibles, mieux vaut les éviter. Sinon pour la petite histoire, les premiers produits sans sulfates ont en faite été crée suite au développement du lissage brésilien. Et oui, car suite à un lissage brésilien, il est préférable d’éviter les sulfates pour que la kératine déposée sur le cheveu ne soit pas agressée et donc que le lissage dure plus longtemps. C’est donc le lissage brésilien qui est à l’origine des premières mentions sans sulfates.
- les sarcosinates : sodium lauryol sarcosinate…
- les dérivés de la betaïne : coco betaine, cocamidopropylbetaine, lauramidopropyl betaine, lauryl betaine…
- les dérivés d’imidazoline : cocoamphoacetate, disodium cocoamphodiacetate, sodium lauryl sulfoacetate…
- les glucosides (dérivés de sucres et d’huiles végétales) : coco glucoside, decyl glucoside…
- les dérivés d’ammonium quaternaire : ils sont principalement utilisés dans les shampoings car ils présentent une activité démêlante. Ils sont également utilisés comme substituts aux silicones. Leur noms INCI se terminent par monium, chloride ou bromide comme le cetrimonium chloride, cetrimonium bromide et behentrimonium chloride…
Vous voyez c’est assez simple. Il suffit de connaitre les grandes familles et comme ils finissent tous par la même chose, on les reconnait très facilement.
Les émulsifiants
Une émulsion est un mélange de deux phases non miscibles. En cosmétique, les émulsions correspondent à un mélange d’eau et d’huile qui sont effectivement deux composés qui ne se mélangent pas. Pour stabiliser une émulsion, il est alors nécessaire d’ajouter un émulsifiant qui est un composé aimant à la fois l’eau et l’huile. En gros c’est comme pour votre mayonnaise : l’oeuf fait le liant entre l’huile et la moutarde qui ne se mélangerait pas sans lui. Voici certains émulsifiants très utilisés en cosmétique :
- dérivés de l’huile de palme ou de la coco : cetearyl alcohol, ceteareth stearic, acid palmitic, glyceryl stearate…
- cire d’abeille : cera alba
- dérivés d’huile d’olive : cetearyl olivate, sorbitan olivate…
- les polyméres éthoxylés PEG et PPG : PEG 100 stearate, PEG 7 glyceryl cocoate, PPG 5 ceteth 20…
Le problème des PEG et PPG : Les PEG pour PolyEthylène Glycol et les PPG pour PolyPropylène Glycol sont des polymères éthoxylés c’est à dire des molécules géantes constituées par la répétition d’un même motif ayant subit une éthoxylation. L’éthoxylation c’est une réaction chimique qui est malheureusement assez polluante pour l’environnement. En plus, les PEG et PPG ne sont pas biodégradables et donc ils s’accumulent dans l’environnement. Pour ces raisons, ils sont interdits dans les cosmétiques bios.
Les épaississants et les gélifiants
Afin d’avoir la texture souhaitée, crème épaisse ou gel, on peut rajouter des gélifiants et épaississants :
- naturel : xanthan gum (gomme de xanthane), ceratonia siliqua gum (gomme de caroube), algin (les alginates), carraghénane (dérivé d’algues),
- d’origine naturel : cellulose
- synthétique : carbomer, acrylate copolymer, acrylate/C10-30 alkyl acrylate crosspolymer ou encore ammonium acryloyldimethyltaurate/VP copolymer…, il suffit de repérer le nom carbomer ou copolymer.
Les silicones
Facile à retrouver leur nom fini toujours en « cone » comme diméthicone ou en « xane ». Les silicones sont énormément utilisés en cosmétique car ils apportent une texture et un toucher agréable. Ceux sont des ingrédients purement sensoriels. Pourquoi sont-ils controversés ? Le problème des silicones réside premièrement dans leur procédé de fabrication qui est très polluant et deuxièmement, ceux sont des composés non biodégradables, ils s’accumulent donc dans l’environnement. C’est également pour ces raisons qu’ils sont interdits en cosmétique bio. Les silicones sont également accusés d’obstruer les pores de la peau et donc d’empêcher la peau de « respirer ». Selon moi, ils sont effectivement utilisés pour former un film occlusif sur votre peau mais pour la protéger et empêcher son dessèchement…Il suffit de bien se nettoyer la peau pour empêcher que les pores s’obstruent. Alors à vous de vous faire votre propre avis là dessus…Par contre il faut se méfier de la famille des cyclométhicones qui regroupe la cyclomethicone, le cyclotrisiloxane, le cyclotetrasiloxane, le cyclopentasiloxane … bref vous l’avez compris cyclo-quelque chose-cone ou xane. Ces silisones sont des composés extrêmement volatils et suspectés d’être peturbateurs endocriens. Leur concentration dans les produits cosmétiques est soumise à restriction.
Les huiles et les extraits
Les huiles et les extraits sont notés avec leur nom botanique en latin. Il est ensuite spécifié leur nature en anglais par exemple si c’est un extrait, il y aura marqué « extract », si c’est une huile, il y aura marqué « oil ». Il est également précisé la partie de la plante en question, si c’est un extrait de feuilles (leaf), de fruit (fruit), de racines (root) etc..
Prenons l’exemple de l’huile de tournesol :
- Nom en latin : helianthus annuus
- Nom en anglais : Sunflower
- De quelle partie de la plante il est question ? (en anglais) : seed (graines)
- Nature (en anglais) (Huile, beurre, jus ou extrait…) : oil (huile)
- Ce qui nous donne : Helianthus annuus (sunflower) seed oil
Avec un peu de pratique vous connaitrez les noms latins de certaines huiles les plus courantes.
Les agents actifs portent également leur nom anglais :
- la niacinamide (vitamine B3) : niacinamide Rendez vous sur cet article pour en savoir plus sur la niacinamide.
- la vitamine C (ascorbyl acid, magnesium ascorbyl phosphate ou ascorbyl palmitate) Direction l’article La vitamine C, Quelles sont ses propriétés ? pour en savoir plus.
- la vitamine E : tocopheryl acetate
- le panthénol (actif hydratant) : panthenol
- les peptides qui porteront toujours le nom peptide comme le palmitoyl tripeptide
- l’acide hyaluronique : hyaluronic acid ou sodium hyaluronate
- les acide de fruit : glycolic acid, salicylic acid, lactic acid, tataric acid, mandelic acid…
- la vitamine A : retinol
Les conservateurs :
Les conservateurs sont énormément controversés aujourd’hui mais on y reviendra plus tard dans un prochain article. Parmi les plus utilisés vous avez :
- le phénoxyethanol (% utilisation max : 1%)
- la chlorphenesin (% utilisation max : 0,3%)
- les MIT pour méthylisothiazolinone et méthylchloroisothiazolinone (soumis à plusieurs restrictions)
- le sodium benzoate et le potassium sorbate (autorisés en cosmétique bio)
- et les parabènes : methylparaben et ethylparaben…
Vous retrouverez ensuite le parfum noté sous le nom Parfum/Fragrance et les colorants notés CI suivi par 5 chiffres.
Pour vous aider, vous avez maintenant diverses banques de données qui existent pour déchiffrer la liste des ingrédients comme l’observatoire des cosmétiques ou encore des applications qui donnent des notes aux produits mais s’il vous plait utilisez les toujours avec un regard critique, vérifier les sources etc… Et si vous avez des questions, je serai ravie de vous répondre, alors n’hésitez pas 🙂
Je te découvre et alors j’ai dévoré tous tes articles on ressent que tu es une professionnelle tu connais ton sujet
Tu es bien une des rares à communiquer avec autant de clarté et de connaissance
Je vais te suivre avec assiduité merci pour tes articles
Merci beaucoup, cela me fait très plaisir d’entendre ça ! 🙂